La présente étude met en évidence le statut ambigu de l’avortement à risque au Maroc
en situant le phénomène dans le contexte de la santé et des droits en matière de
reproduction et en le reliant au problème des grossesses non désirées. L’analyse
documentaire a permis de recourir à plusieurs indicateurs pour estimer la prévalence
des deux phénomènes au Maroc et conclure que le taux d’avortement estimé en
confrontant plusieurs les résultats des recherches internationales varie entre 30 et 40
pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans et ce en considérant que le Maroc fait partie des
pays de l’Afrique du nord, de la catégorie à revenu moyen inférieur et ayant un cadre
législatif restrictif en matière d’avortement. Il est estimé aussi que 72% de ces cas sont
des avortements à risque.
L’étude prend en considération un ensemble de facteurs de risques démographiques,
sanitaires, économiques, et sociaux, et présente une image détaillée sur la situation
législative actuelle en matière de pénalisation de l’avortement et sur les débats qui s’y
rattachent. L’ensemble de ces dimensions ont été évaluées pour discuter la relation
entre la prévalence des grossesses non désirées et de l’avortement à risque ainsi que le
degré d’impact de ces derniers sur le plan sanitaire, juridique et social, pour conclure
que le manque de synergie entre les approches internationales et les actions nationales
ne peut que saper toute politique de santé sexuelle et reproductive fondée sur les droits
et par conséquence perpétuer la violence basée sur le genre et la vulnérabilité de la
femme marocaine.